Par Evelyne Foy et Louis Favreau
Le libellé du discours gouvernemental
Le gouvernement du Québec a lancé, le 8 décembre 2021, sa stratégie territoriale pour l’Afrique intitulée « Cap sur la relance : une action concertée et durable sur le continent Africain ».
Découlant de la Vision internationale du Québec, cette stratégie vise à renforcer et à renouveler l’action du Québec en Afrique : « En matière de relations internationales, le gouvernement continuera de promouvoir l’identité et les intérêts du Québec dans le monde, tout en mettant davantage l’accent sur le commerce et la diversification des marchés, ainsi que sur l’attraction des investissements. »
Continent de la francophonie, alors que 80% des francophones seront africains en 2025, et croissance soutenue de plusieurs pays qui constituent des marchés très prometteurs pour le Québec qui cherche à augmenter et à diversifier ses exportations, voilà ce qui justifie aux yeux du gouvernement québécois cette stratégie dont le premier pilier est l’économie. Ainsi, la mise en place d’une enveloppe de 50 M$ sur cinq ans par Investissement Québec est destinée à appuyer les entreprises québécoises désireuses d’exporter vers l’Afrique, pour ainsi leur permettre d’accroître et de consolider leur présence sur les marchés africains.
Les quatre autres piliers de la stratégie, dotés d’un budget global de 4 millions $ sont l’éducation et l’enseignement supérieur, la culture, la solidarité internationale et le renforcement des capacités institutionnelles.
Dans la mesure où le Québec vise « une action économique renforcée sur le plan international » dont les objectifs en plus d’attirer les investissements et accroître les exportations sont de propulser l’innovation québécoise et de contribuer à la lutte contre les changements climatiques dans une perspective économique durable, la question qui tue devient : peut-on espérer que des actions de solidarité internationale axées sur le développement économique dans une perspective de transition écologique des communautés trouvent leur place dans le déploiement de cette politique ?
La stratégie territoriale du gouvernement et la solidarité internationale
Personne n’est surpris de l’insistance sur l’économie (privée surtout) du gouvernement actuel. Mais dans la section Solidarité internationale, un des cinq secteurs identifiés dans la politique, on dit ceci à propos des zones et des secteurs prioritaires (p.16 du document):
En misant sur la formation et le renforcement des capacités, l’action québécoise de solidarité internationale ciblera les secteurs jugés prioritaires par les collectivités locales et pour lesquels le Québec possède une expertise reconnue et peut donc apporter une réelle valeur ajoutée : entrepreneuriat et économie sociale; insertion socioprofessionnelle et autonomisation économique des jeunes et des femmes en particulier ; égalité entre les femmes et les hommes ; agriculture et sécurité alimentaire ; droits de la personne et lutte contre la discrimination ; santé; énergie et électrification durables; environnement et adaptation aux changements climatiques.
La lecture qu’on peut en faire, c’est qu’il y a une brèche qui a été ouverte par le projet du FISIQ en 2018-2019. Le projet du FISIQ a été l’objet d’une série de discussions en 2013 et 2014 dans un certain nombre d’OCI (UPA DI et le Fonds solidarité Sud en collaboration avec la Caisse d’économie solidaire Desjardins et MCE Conseils) à l’occasion d’un colloque important que nous avions initié dans lors du Sommet international Desjardins de 2014. Par la suite le projet a fait son chemin au sein de l’AQOCI et a permis en bout de ligne que 3 millions $ du MRIF atterrissent dans les coffres du FISIQ en 2019. Dans cette section de la stratégie du gouvernement, l’entrepreneuriat collectif est très clairement exprimé. Et, fait plus nouveau, « l’énergie et l’électrification durables; l’environnement et l’adaptation aux changement s climatiques » font nommément partie du programme.
Références
La politique du gouvernement, 2022
Favreau L. (2022), Le Fonds Solidarité Sud : histoire, parcours et perspective. Coédition FSS et CRDC. Chapitre 9, Pourquoi le Fonds s’engage dans l’accès au crédit. L’épargne solidaire au service du développement. Pages 97 à 106.