Comment nourrir le monde dans la prochaine décennie?
Du 6 au 9 octobre prochain se tiendra le 2e Sommet international des coopératives organisé conjointement par le mouvement Desjardins et l’Alliance coopérative internationale (ACI). La CRDC est partenaire de cet événement et à ce titre, avec l’appui institutionnel du Sommet, organise un rendez-vous international le 6 octobre prochain à Québec. La CRDC n’est pas seule dans cette galère. Ce rendez-vous est une construction conjointe avec plusieurs partenaires dont l’UPA DI et l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) ; la Caisse d’économie solidaire Desjardins, Développement solidaire international (DSI) et Fondaction de la CSN ; le service de solidarité internationale de la FTQ ; le Fonds Solidarité Sud (FSS) ; l’AQOCI, SOCODEVI, le GESQ et le Collectif international des CJE sans frontières de même que plusieurs invités internationaux de la FAO, d’INAISE, des Rencontres du Mont-Blanc et de Partenaire de développement (Indonésie).
Ce sera un forum d’échanges de portée internationale avec la présence d’invités de différents continents. Le programme a pour thème : La transition écologique de l’économie et la solidarité internationale : quelles priorités pour les coopératives et les mouvements sociaux ? Ce rendez-vous est ouvert (à peu de frais [1]) à tous les militants et dirigeants de mouvements (coopératifs, mutualistes, syndicaux et communautaires) de même qu’aux membres d’organisations de coopération internationale (OCI).
C’est dans le cadre de ce rendez-vous que le blogue de la CRDC produit une série de billets. Le premier portait sur « La transition énergétique de l’économie, l’enjeu du transport collectif » (signé par un chercheur de l’IREC, le sociologue et économiste Gilles Bourque). Ce deuxième billet est de la CRDC et est signé de Louis Favreau.
Billet de Louis Favreau
Nourrir l’humanité est un des enjeux majeurs de la prochaine décennie. La nourriture produite est suffisante nous disent la plupart des chercheurs dans le domaine. C’est la répartition qui se fait mal. Voilà en premier lieu un constat de base qui contredit la pensée dominante sur ce sujet. Sylvie Brunelle, géographe spécialiste de ces questions nous dit qu’il est facile d’accroître les récoltes. Mais produire plus ne sert à rien si l’on ne peut pas vendre et si le travail n’est pas récompensé par une amélioration des conditions de vie (Brunel, 2009 : 8). C’est également la conviction de nombre d’OCI engagées dans un travail de solidarité avec le Sud comme UPA DI notamment. Du coup la question qui vient : à qui va-t-on vendre la production agricole et à quel prix ? D’où une 2e conclusion des OCI de ce secteur : c’est à une crise alimentaire à répétitions que nous sommes condamnés et donc à l’insécurité alimentaire. Si nous n’avons pas des États et des institutions internationales qui contribuent par leurs politiques, en partenariat avec les organisations de petits producteurs, à réguler ce marché pas comme les autres dont la finalité est sociale, nourrir le monde. Si on ne développe pas des stocks de sécurité soutenus par une commercialisation collective des produits agricoles et si les prix des produits agricoles ne sont pas stabilisés.
1. Les multinationales détiennent le pouvoir mais des organisations paysannes et des coopératives agricoles veillent au grain
L’agriculture et l’alimentation, l’énergie et les ressources naturelles sont des révélateurs de la mondialisation néolibérale que nous vivons depuis plus de 30 ans. Ces secteurs déterminants de nos économies sont dominés par des multinationales fort influentes par ailleurs au plan politique. Ce qui en fait des superpuissances (Kempf, 2011). L’agro-business fait partie de cet ensemble de multinationales qui influencent toute la chaîne alimentaire de la terre à la table (Waridel, 2011) et donc notre vie quotidienne.
Les organisations paysannes ont raison de revendiquer la sortie de l’agriculture de l’emprise du marché des multinationales. Ces organisations de paysans de même que des coopératives agricoles et des ONG posent aujourd’hui comme principe le droit à la souveraineté alimentaire de chaque pays. Dans les autres secteurs stratégiques comme la production des énergies (les pétrolières et les gazières, celles du gaz de schiste en tête) et la transformation des ressources naturelles (les minières dans plusieurs communautés à travers le monde) de nombreuses communautés rurales sont directement affectées. Des contre-pouvoirs naissent cependant comme on a pu le voir au Québec dans la mobilisation citoyenne contre le gaz de schiste depuis quelques années.
2. Développement durable et solidaire des communautés rurales: un enjeu majeur de la prochaine décennie
Les institutions internationales comme la FAO (l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation), l’OIT (l’Organisation internationale du travail) et la CNUCED (l’Organisation des Nations-Unies pour le développement et le commerce) reconnaissent, dans la foulée de ce que les organisations paysannes et de petits agriculteurs n’ont cessé de dire que l’agriculture à petite échelle est une solution déterminante face à la crise écologique, alimentaire et de l’emploi (CNUCED, 2013 et OIT, 2012). Cette agriculture nourrit 70 % de la population mondiale nous dit la FAO. Mais elle est constamment menacée.
La Banque mondiale avertit que l’Afrique verrait sa production agricole totale reculer de 10% d’ici à 2050 et environ 40% de ses terres dédiées au maïs devenir « inutilisables » dans la décennie 2030 parce que « des températures extrêmes pourraient affecter les récoltes de riz, de blé, de maïs et d’autres cultures importantes et menacer la sécurité alimentaire » des pays pauvres, estime l’institution dans son nouveau rapport…Les inondations massives qui ont touché plus de 20 millions de personnes au Pakistan en 2010 pourraient devenir « monnaie courante », selon la BM (…) « Le changement climatique fait peser une menace fondamentale sur le développement économique et la lutte contre la pauvreté » a admis M.Jim Yong Kim, actuel président de la Banque mondiale. Source : Vers de graves pénuries alimentaire}, Alexandre Shields, Le Devoir, 20 juin 2013
D’où que la FAO et le mouvement international des petits producteurs et paysans réaffirment leur conviction{ que la sécurité alimentaire mondiale n’est pas une simple question technique, mais repose, avant tout, sur la capacité des agricultrices et des agriculteurs à nourrir la planète} (extrait du Protocole d’accord entre la FAO et UPA DI en 2013). En prenant l’angle de vue des organisations paysannes et de la coopération internationale de proximité, quels sont aujourd’hui les sujets les plus sensibles et les plus urgents et surtout quelles sont les alternatives?
Chaque fois que l’on investit dans l’agriculture, les résultats sont visibles, même dans des pays qui paraissaient très mal partis, comme le Malawi, passé en trois ans de pays mendiant à pays exportateur de nourriture parce que son gouvernement a décidé de soutenir la production de petits producteurs ruraux. Tout comme le Vietnam ou le Brésil, qui ont su arracher leurs campagnes à la pauvreté (Brunel, revue Sciences humaines, juillet 2010, numéro 217, p. 30).
Mais comme nous le dit l’agroéconomiste français Michel Griffon dans son ouvrages (2006), il y a un paradoxe :
D’un côté il y a de 20 à 25 millions d’exploitations dans le monde, qui font de l’agriculture industriellement intensive, ce qui représentent 30 à 40% de la production mondiale. Mais cette exploitation vit présentement une hausse des coûts de l’énergie, génère beaucoup de gaz à effet de serre, est dommageable pour la biodiversité et entre dans une phase de rareté. Puis de l’autre il y a deux milliards 400 millions de petits exploitants peu mécanisés, ne disposant pas d’un régime sanitaire adéquat, peu productive et dont l’enjeu est d’accroître leurs rendements.
C’est la petite agriculture familiale qui vit une véritable tragédie sociale : des centaines de millions de petits producteurs en milieu rural ont peu de moyens d’exploiter convenablement leur terre, disposent de peu de soutien de la part des pouvoirs publics et sont inscrits dans la seule économie de subsistance qui écarte leurs familles (et d’abord les enfants) des droits les plus élémentaires en matière de sécurité alimentaire (840 millions de personnes sous-alimentés et deux milliards victimes de carences en micronutriments nous dit la FAO dans Le Devoir du 13 juin 2014), d’accès à l’éducation et d’accès aux soins de santé.
Cette agriculture qui est enfin valorisée par l’ONU en 2014 (année qualifiée d’Année internationale de l’agriculture familiale) doit donc – c’est le message sous-jacent- être remise au centre des politiques agricoles, environnementales et sociales dans les programmes d’action publique à toutes les échelles d’intervention (locale, nationale et internationale). Mais pour ce faire, la «société civile» (mouvements sociaux, organisations paysannes en tête, groupes de femmes, ONG du Sud et OCI du Nord, syndicats, groupes écolos, etc.) doit se mobiliser et s’organiser pour que cette priorité devienne une réalité.
L’agroéconomiste Parmentier (2009 : 281) nous dit ceci : Que faudrait-il faire pour sortir de la crise ? Probablement revenir aux solutions des années 1980, c’est-à-dire d’avant la vague libérale. Autrement dit généraliser le soutien à cette agriculture et assurer une forme ou l’autre de souveraineté alimentaire, notamment des politiques d’assurance collective face aux risques climatique, sanitaire et financier et des politiques d’investissement collectif (dans l’hydraulique et les infrastructures routières notamment). Autrement dit réintroduire des politiques publiques fortes en matière d’agriculture. Ce que toutes les grandes agricultures du monde (États-Unis, Europe, Chine, Brésil…) ont fait et font encore d’ailleurs.
3. Une agriculture liée à la redécouverte des économies de proximité et du développement durable
Dans les deux dernières décennies, le développement durable et solidaire des communautés a pu progresser à partir de la transition écologique de grandes entreprises agricoles comme le fait Nutrinor dans la foulée de la politique de développement durable de sa fédération, la Coop Fédérée mais aussi grâce à de nouvelles formes d’agriculture de proximité telles l’agriculture biologique, des fiducies foncières communautaires, des systèmes alternatifs de vente plus directs comme ceux issus du commerce équitable, de petits marchés publics de producteurs, des jardins communautaires en milieu urbain, des jardins familiaux, des villes et bidonvilles en transition (voir le site des Agendas 21 de l’UQAC).
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Créée il y a plus de 60 ans, Nutrinor, une coopérative agricole du Saguenay (1200 agriculteurs membres et 400 employés) a pour ambition d’être reconnue comme un chef de file dans la transformation de produits agroalimentaires nordiques et dans la production de bioénergies. Pour y parvenir, elle a choisi la voie du développement durable. S’inspirant de l’expérience française, Nutrinor a lancé en 2009 un vaste exercice qui a conduit à l’élaboration d’une politique de développement durable.
Pour y arriver, la coopérative a amorcé ses travaux par une importante consultation de ses employés, de la direction et de ses membres et, à l’externe, de ses clients, des consommateurs, des fournisseurs, de leurs partenaires financiers, industriels et commerciaux. Tout a été mis sur la table lors de ces consultations qui ont rejoint près de 300 personnes. Cette démarche a vu Nutrinor mettre en place de grands chantiers d’où en a découlé un train de mesures prises par la coopérative pour réduire les émissions de gaz à effet de serre notamment dans le transport de leurs marchandises. À titre d’exemple, l’approvisionnement de la meunerie qui s’effectuait par camion a été remplacé par un transport par train, ce qui a eu pour effet de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’environ 221,4 t annuellement. Dans le même esprit, Nutrinor a procédé à un investissement de 600 000 $ dans le but d’améliorer la gestion de l’énergie dans les activités de sa laiterie d’Alma. Nutrinor a poussé encore plus loin l’audace en se tournant résolument vers les énergies vertes. Ainsi, et en lien avec sa mission de la valorisation de l’agriculture nordique, Nutrinor fait du développement des bioénergies une part intégrale de sa vision d’entreprise. Avec BioNor Énergies, sa toute nouvelle division, Nutrinor a pris le virage vert. Dans un premier temps, Nutrinor a mis sur pied le projet biodiesel qui vise à recycler en biodiesel les quelques 750 000 litres d’huile alimentaire usés qui sont expédiés à Montréal pour y être traitées. De même, en partenariat avec trois coopératives forestières et deux autres coopératives agricoles de la région, elle a développé sur des terres marginales, des cultures adaptées à la production de biodiesel en plantant du saule. Un plan de saule, productif pendant 15 à 25 ans, a plusieurs utilisations : biomasse, litières, panneaux gaufrés, éthanol cellulosique. Cette culture du saule permet de valoriser des bandes riveraines, des terres en friche et, en bout de ligne, de revitaliser des coins de pays. Le président de la coopérative, Yvan Morin, affirmait lors d’une présentation au forum régional de la Coopérative régionale de développement (CDR) en 2011 : « Soyons clair, le développement durable n’est pas un chantier à part, c’est complètement intégré à notre façon de faire aujourd’hui, voilà pourquoi nous investissons de plus en plus dans la recherche par BioNor que nous avons créé très précisément pour aller encore plus dans cette direction ». Et en réponse à une question sur ce qui pousse Nutrinor à aller de plus en plus loin dans le développement durable, le président Morin a conclu : « D’abord, çà rejoint les fondements de la coopération. Puis, cela assure une pérennité aux producteurs agricoles membres de notre coopérative. Et on ne s’en cachera pas la demande du marché est là de plus en plus que ce soit le grand public, le gouvernement et même les détaillants ». |
Dans les communautés du Nord
Le Québec d’aujourd’hui et bien d’autres sociétés du Nord redécouvre en effet une économie de plus grande proximité comme le confirme le dossier de la revue Kaléidoscope, numéro auquel j’ai participé article repris de façon sélective par le journal Le Devoir.
Qu’est-ce à dire ? Dans un contexte où les communautés locales, citoyens et élus, sont de plus en plus inquiets des transformations de l’économie – notamment des pertes de souveraineté qu’elles entraînent sur leur territoire et leurs ressources et de la menace qu’elles font peser sur l’emploi régional, l’idée d’un renforcement des «économies de proximité» prend un élan nouveau (Brassard et Jean, 2013). Ce mode d’organisation de l’économie est singulier et se distingue de l’économie capitaliste de marché : par la relation directe des entreprises de cette économie avec les communautés qu’elles desservent, relation adossée à un ancrage dans la vie locale. Elle est donc très liée au développement local, est axée sur les besoins plutôt que sur l’offre et dispose généralement de règles prudentielles (notamment en n’allant pas en bourse). Elle est ainsi perçue aujourd’hui par plusieurs comme un espoir réinventé. D’où qu’elle effectue progressivement une percée chez les élus locaux et les responsables de développement régional qui ont commencé à s’en emparer, en faisant valoir ce que la pensée économique dominante, c’est-à-dire les concepteurs des « Wal-Mart » de ce monde, ont tendance à oublier à savoir que les territoires sont la première échelle de l’économie et non un résidu passéiste. Dans les pays du Sud, une dynamique similaire est bel et bien présente sous un jour cependant différent compte tenu du type de développement qui est le leur.
Dans les communautés du Sud…
L’urgence écologique est aujourd’hui une interpellation centrale pour tous les mouvements sociaux qui se sont longtemps focalisés sur la question économique et sociale sans voir qu’elle est adossée à celle des écosystèmes. On pourrait en dire autant des entreprises collectives –coopératives, associatives et mutualistes – nées au sein ou près des organisations paysannes (oublions un moment l’économie capitaliste de marché). C’est de moins en mois le cas comme l’illustre l’exemple suivant tirée de l’expérience des organisations paysannes en Afrique de l’Ouest (Fall, 2013 ; Favreau et Hébert, 2012).
l’UGPM, une organisation paysanne de la région de Thiès au Sénégal, compte aujourd’hui 77 groupements représentés dans 89 villages. Elle compte plus de 5 000 membres parmi lesquels 61% de femmes. Les membres sont répartis dans 2050 exploitations familiales. Au chapitre de ses réalisations majeures un projet d’électrification des 90 villages par le solaire. Dans chacun des villages rejoints par l’UGPM, une « mutuelle de solidarité » a été créée. Ces mutuelles gèrent aujourd’hui l’installation des panneaux solaires de leur village. A l’échelle sous-régionale, l’atelier Kayer, l’entreprise de panneaux solaires, voit non seulement à subvenir aux besoins énergétiques des agriculteurs, il voit maintenant à l’installation de stations familiales de production d’électricité solaire. À l’origine du projet, un partenariat de l’UGPM avec l’ONG française Terre solidaire par l’intermédiaire d’un prêt de sa société d’investissement, la SIDI (une société internationale d’investissement solidaire pour le développement créée en 1983). Ces « mutuelles de solidarité » sont toutes fédérées dans une coopérative rurale d’épargne et de crédit, coopérative mise sur pied par l’UGPM : plate-forme de pompage solaire pour irriguer la terre communautaire ; transformation de leurs produits agricoles (aubergines, choux, gombos, tomates, papayes et oignons) ; conservation ou stockage de leurs produits ; éclairage public par l’alimentation en lampes de basse consommation dans les petites rues des villages ; congélateur communautaire pour refroidir médicaments, aliments, jus de fruit maison ; recharge des téléphones mobiles, etc. Tout cela nécessite de l’énergie dans une région qui dispose de 365 jours de soleil par année. Mais comment faire quand le réseau public d’électricité ne s’y rend pas et qu’il n’y a aucun espoir de son extension à de ces villages dans la prochaine décennie. C’est ainsi que le tout a commencé en 1995. Sources : www.ccfd-terresolidaire.org Patrick Piro dans le magazine de Terre solidaire, numéro 259, juin-juillet 2011. |
Mise en perspective
Ce type d’expériences implique d’opérer une véritable «révolution culturelle» d’entreprise, «révolution culturelle» aussi nommée aujourd’hui transition écologique de l’économie. Un ensemble de forces sociales (syndicalisme agricole, organisations de travailleurs, coopératives, groupes écologiques, OCI…) peuvent arriver à faire mouvement pour la réalisation d’un new deal écologique et social à petite échelle tout en revendiquant que se réalise à l’échelle de la planète des changements de cet ordre comme cherchent à le faire les Rencontres du Mont-Blanc (RMB) en avançant auprès des institutions internationales des idées comme celle de la transition d’une agriculture industriellement intensive à une agriculture écologiquement intensive et celle de la transition des énergies fossiles vers les énergies renouvelables (voir à ce propos mon billet sur les propositions des RMB pour Rio+20 et celui qui porte sur les Objectifs du Millénaire après 2015).
Si le 20e siècle a donné un new deal social significatif pour l’ensemble des travailleurs – un État social -, il n’est pas interdit de penser à l’émergence au 21e siècle d’une nouvelle utopie, une sorte de New Deal écologique (Lipietz, 2012), en d’autres termes une entente générale entre les États, cette fois-ci à l’échelle mondiale, visant un développement durable de la planète. Cela commence par les dynamismes locaux qui redécouvrent les économies de proximité et la nécessité d’une agriculture écologiquement intensive (Griffon 2006).
En guise de conclusion
La priorité doit donc aller au renforcement des organisations paysannes et des coopératives agricoles dont un grand nombre sont incapables d’exercer un quelconque poids politique sur leur gouvernement respectif parce que peu organisés et relativement éloignés géographiquement des principaux centres de décision. C’est assez largement connu mais sous-estimé comme situation : les petits agriculteurs sont évincés des priorités, notamment en Afrique, lorsque vient le temps d’établir, au sein des institutions internationales ou dans leur pays respectif, des priorités budgétaires. D’où l’importance de la coopération internationale du Québec dans ce registre en commençant par les premiers concernés, les agriculteurs québécois. UPA DI en a fait sa mission depuis plus de 20 ans (Favreau et Molina, 2014), SOCODEVI aussi depuis près de 30 ans (Favreau et Molina, 2012). Mais quelles priorités pour la prochaine décennie dans ce domaine ? Une table ronde de notre rendez-vous du 6 octobre prochain relancera la réflexion sur ce sujet avec une représentante de la FAO, le secrétaire générale d’UPA DI, un agronome et journaliste spécialisé dans ce domaine et un coopérant québécois en Indonésie depuis 25 ans (dans l’Île de Florès).
Repères bibliographiques
- Beaudoin, A. (2013), Agriculture familiale et solidarité internationale. Entrevue. Billet de la CRDC, http://jupiter.uqo.ca/ries2001/carnet/spip.php?article81
- Brunel, S. (2009). Nourrir le monde, vaincre la faim, Larousse, Paris.
- Brunel, S. (2010), « Les grands défis d’une agriculture durable » dans la revue Sciences humaines, numéro 217, Paris, p.26 à 30.
- Fall. A.-S. (2013), Des lignes de politique en sécurité alimentaire réussies pour la réduction de la pauvreté au Sénégal, LARTES – IFAN, Université Cheikh Anta Diop, Dakar et CRDC, UQO, Québec. Disponible sur le site de la CRDC : http://w4.uqo.ca/crdc/
- Favreau, L. et E. Molina (2014), La solidarité internationale du mouvement des agriculteurs québécois. L’expérience de l’organisation UPA Développement international, Éd. CRDC et UPA DI, Université du Québec en Outaouais, 100 pages. Disponible sur le site de la CRDC : http://w4.uqo.ca/crdc/
- Favreau, L. et M. Hébert (2012), La transition écologique de l’économie, Presses de l’Université du Québec, Sainte-Foy, 160 pages. http://www.puq.ca/catalogue/livres/transition-ecologique-economie-2414.html
- Favreau, L. et E. Molina (2012), Le mouvement coopératif québécois et la solidarité internationale. L’expérience de SOCODEVI. Disponible sur le site de la CRDC http://w4.uqo.ca/crdc/
- Griffon, M. (2006), Nourrir la planète, Éd. Odile Jacob, Paris.
- Kempf, H. (2011), L’oligarchie çà suffit, vive la démocratie. Seuil, Paris.
- Lipietz, A. (2012), Green Deal. La crise du libéral-productivisme et la réponse écologiste, Éd. La Découverte, Paris.
- Mcsween, Nathalie (2013), « Mouvement paysan en Afrique de l’Ouest. L’émergence d’une action collective transnationale ». Revue Vie économique, volume 5, numéro 1, septembre 2013. http://www.eve.coop/?r=20
- Martin, P. (2010), L’économie de proximité : une réponse aux défis majeurs de la société française. Rapport au Conseil économique, social et environnemental. République française, 190 pages. http://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Avis/2010/2010_17_pierre_martin.pdf
- Parmentier, B. (2009), Nourrir l’humanité. Les grands problèmes de l’agriculture mondiale du 21e siècle. Éd. La Découverte, Paris.
- Waridel, L. (2011), L’envers de l’assiette, Éd. Écosociété, Montréal.
Des expériences qui changent le monde en construisant l’économie de l’avenir
- Brassard, M-J et B. Jean (2013), Construire ensemble la carte d’une nouvelle économie de proximité, CQCM-UQAR, Rimouski, http://www.visagealacarte.com/. 33 expériences québécoises du mouvement coopératif (CQCM) présentées sur la base d’enquêtes menées par des chercheurs dans le cadre de l’ARUC-DTC.
- Dans le monde, les initiatives recensées par le forum international des Rencontres du Mont-Blanc : http://www.rencontres-montblanc.coop/page/cahier-des-initiatives-rmb
- Au Québec et dans le monde, les initiatives recensées par le portail de Christiane Gagnon : « Démarches territoriales et développement durable ». Portail à l’UQAC, http://a21l.qc.ca/
[1] L’inscription est seulement de $50 ($35 pour les retraités et étudiants) pour les individus et de $250 pour les organisations qui en ont les moyens. L’inscription permet une gratuite pour la séance d’ouverture du Sommet le soir du 6 octobre.
Louis Favreau
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