Derrière l’actualité comment déceler les défis qui nous attendent et les alternatives qui prennent forme ? Nous sommes dans une période où est ressenti un grand vide d’horizon collectif digne de ce nom. Et pourtant un autre projet de société que celui des think tank du capitalisme prend forme, un projet social-écologique (Giraud, 2016) fondé sur un renouvellement des mouvements sociaux. C’est ce que nous avancions l’an dernier dans une première rétrospective sur l’évolution des mobilisations citoyennes au plan international. Nous avons poussé plus loin dans un autre billet, non pas tant sur ce qui progresse sur le court terme, mais l’analyse de ce qui avance déjà depuis quelques décennies. Il y a en effet des centaines de milliers d’initiatives qui changent le monde un peu partout sur la planète depuis quelques décennies (Manier, 2014 et 2016). Mais elles sont peu visibles. D’où l’urgence déterminante de souligner ce qui avance, sinon on désespère tout le monde.
« La transition écologique, un beau projet politique », dit l’économiste Gaël Giraud
…Il est possible de construire des sociétés résilientes aux désastres qui nous attendent… Réagir passe donc d’abord par la transition écologique, un formidable projet politique et social…On a devant nous un projet qui donne du sens…un projet créateur d’emplois…qui peut organiser de la polyagriculture paysanne, …qui peut aménager le territoire autour de petites villes…qui peut mettre en route une économie de circuits courts…une mobilité verte de transports collectifs…un verdissement des processus industriels et agricoles…
Gaël Giraud, économiste en chef de l’Agence française de développement, extraits d’une entrevue pour l’OBS, semaine du 18 au 24 août 2016, p.54 à 57
En guise d’entrée en matière
Les futurs du monde : quel (s) possible (s) ? Cela dépend certainement en bonne partie de nous
Sous la direction de Virginie Raisson (dir.), l’ouvrage 2038. Les futurs du monde. Fruit d’un groupe de scientifiques qui considèrent que…l’avenir du monde n’est pas fixé. Il appelle au contraire des réponses sans tarder. Développement humain, changements climatiques, épuisement des ressources, disparition des espèces : désormais, l’avenir n’autorise plus d’être passifs.
Car ce serait prendre le risque que s’impose au monde le pire de ses futurs possibles. C’est en tout cas sur cette hypothèse que le projet de recherche prospective des Futurs du Monde a vu le jour en 2009, non pour prédire l’avenir, mais pour donner à comprendre les mutations en cours, pour éclairer le futur d’une lumière raisonnée, pour inviter ensemble le débat et l’action. Invitation à suivre de près les travaux de ce groupe de chercheurs
https://www.facebook.com/2038-Nouvel-Atlas-des-Futurs-du-Monde-124709544255944/
1. Écologie politique et environnement : que nous réserve l’avenir ?
Le mouvement 350.org : une campagne internationale réussie pour désinvestir des énergies fossiles
Un mouvement parti des universités américaines propose aux grands actionnaires des entreprises de se défaire de leurs participations dans les énergies fossiles. En Norvège, le plus gros fonds souverain au monde, assis sur 835 milliards d’euros d’actifs grâce à sa rente pétrolière, a entamé sa sortie des entreprises les plus néfastes pour le climat…Bref, grâce au mouvement lancé par l’ONG 350.org de plus en plus de villes, d’universités, de compagnies ou de fondations privées ou publiques renoncent à investir dans le gaz, le pétrole ou le charbon. Ce mouvement représentait déjà en 2015 3 200 milliards d’euros d’actifs. Une avancée pour l’ensemble de la planète au Sud comme au Nord. Notamment parce qu’une partie de ce désinvestissement s’en va directement du côté des énergies renouvelables. Source : Le Monde
http://www.lemonde.fr/cop21/article/2015/12/02/climat-le-desinvestissement-des-energies-fossiles-rallie-500-institutions-a-sa-cause_4822471_4527432.html
Afrique : les planètes sont alignées pour une électrification des communautés plus verte
Les énergies vertes battent les hydrocarbures dans les pays du Sud. La tendance était déjà là depuis quelque temps, mais les énergies vertes ont accompli un tournant gigantesque ces dernières années. En 2015, les pays en développement ont, pour la première fois, investi plus que les pays développés (membres de l’OCDE) en panneaux solaires, centrales éoliennes et autres générateurs d’électricité propre : 154,1 milliards contre 153,7 milliards, selon la compilation de Bloomberg New Energy Finance. Explication : le prix des panneaux solaires a chuté à un point tel qu’il est maintenant égal à celui des éoliennes, pour chaque watt de puissance. Objectif des pays de l’Afrique de l’Ouest à cet égard : 80% d’énergie verte en 2030, d’ici un peu plus d’une décennie. Mais il reste des obstacles à lever. Sans doute que les organisations paysannes et les coopératives agricoles de ce continent sont et seront au coeur de cette bataille pour imposer cette priorité à leur gouvernement respectif. Source La Presse
http://www.lapresse.ca/environnement/dossiers/energies-vertes/201611/10/01-5039740-en-afrique-les-planetes-sont-alignees-pour-une-electrification-plus-verte.php
Femmes et changements climatiques : une coalition internationale de défense des droits des femmes s’est faite valoir au « One Planet Summit » de Paris
Dans le cadre du Sommet de Paris, un des éléments majeurs que fait ressortir le journaliste du Devoir présent sur place est que les premières victimes des changements climatiques sont les femmes, surtout en milieu rural. L’action dans cette direction n’est que faiblement au rendez-vous, a déploré une coalition d’organisations de défense des droits des femmes. Dans le cadre d’un appel pour une « finance climat en action pour les femmes ». Cette coalition, qui compte des organisations issues de plusieurs régions du monde, a donc plaidé en faveur d’une augmentation « significative des financements publics » dans la lutte contre les changements climatiques, avec pour ambition que 20 % des projets financés aient aussi « pour objectif principal de réduire les inégalités entre les sexes », et ce, d’ici 2020. Source Le Devoir à Paris
http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/515222/les-femmes-premieres-victimes-des-bouleversements-climatiques
En Afrique de l’Ouest, comment faire face aux changements climatiques ? Six manières de faire des organisations paysannes maliennes pour transiter vers l’agroécologie
Les organisations paysannes facilitent les échanges locaux par le regroupement des coopératives en vue de commercialiser les excédents de production ; elles produisent et commercialisent localement les semences plutôt que d’en acquérir des grandes firmes ; elles favorisent la fertilisation naturelle et non chimique par le recours à des fumures organiques ; elles aident à réduire la consommation domestique d’énergie et de combustibles…Voilà quelques exemples de mesures pratiques pour ouvrir la transition vers l’agroécologie. Source : l’ONG française Terre solidaire
https://ccfd-terresolidaire.org/projets/afrique/mali/climat-adaptation-agriculture-5972
À l’échelle internationale, le virage bio est nécessaire mais également possible si…
Prisonnière d’un modèle agricole dommageable pour la planète, l’humanité pourrait se tourner vers l’agriculture biologique pour subvenir aux besoins de la population mondiale croissante. C’est du moins la conclusion ambitieuse d’une étude publiée dans la revue scientifique Nature Communications (en anglais). La réussite d’un tel virage suppose toutefois une réduction marquée de la consommation de produits d’origine animale et du gaspillage alimentaire. Mais ce que l’étude ne dit pas c’est l’importance stratégique déterminante de l’organisation des paysans et petits agriculteurs pour y arriver, c’est-à-dire fournir un réel contrepoids aux multinationales de l’agrobusiness et des énergies fossiles C’est aussi l’exigence d’un soutien des États. Comme a pu le faire le Burkina-Faso aux prises avec les semences chimiques de l’entreprise Monsanto…qui a dû quitter le pays en 2016. Retour aux semences paysannes. Qu’en disent les organisations écologistes ? Est-ce que ce virage vers une agriculture 100 % biologique est réaliste ? « C’est très ambitieux, puisqu’il y aurait beaucoup de chemin à faire pour y parvenir », admet Annie Bérubé de l’organisation Équiterre. Cela suppose notamment l’implantation de « politiques publiques conçues pour faciliter le développement de l’agriculture biologique ET la conversion de l’agriculture traditionnelle vers l’agriculture biologique ». Source : Le Devoir/revue Nature Communications
http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/513055/l-agriculture-biologique-pourrait-nourrir-l-humanite
Des Églises chrétiennes (orthodoxe, catholique et protestante) lancent leur virage vert
L’encyclique écologiste du pape François « Laudate Si », publiée en 2015, a largement retenti chez les croyants mais au-delà aussi. Contexte oblige : les Accords de Paris sur le réchauffement climatique. Marco Morisini, un professeur en politique de l’environnement à l’École polytechnique fédérale de Zurich (Suisse) en explique la portée et leur fournit un système d’indicateurs de développement durable pour leurs bâtiments et terrains à l’échelle de la planète. L’engagement tant local qu’international de ces Églises à partir d’un tel « écodiagnostic » opéré à grande échelle aurait une grande portée. Ce qui suppose que les chrétiens favorables à telles choses brassent la cage de leurs institutions. À défaut de quoi, cela demeurera un voeu pieux. Source Reporterre
https://reporterre.net/Les-Eglises-chretiennes-doivent-devenir-vertes
2. Quel développement des communautés aujourd’hui ? Durable et intégré !
Électrification des villages en Afrique de l’Ouest par le solaire : enjeu majeur, conjoncture favorable
Près de la moitié des ménages sénégalais n’ont pas l’électricité. Et en milieu rural, seulement 16% de la population y a accès. Ce n’est guère mieux dans les pays de cette sous-région. Le défi est immense et pour l’instant les progrès sont modestes et très contrastés. Mais la conjoncture est favorable à un certain déploiement : a) le Sénégal comme État et sa volonté politique ; b) les coûts à la baisse de la production dans toutes les énergies renouvelables (c’est le contraire pour le fossile). De plus, les réseaux locaux sont jugés offrir des pistes prometteuses…dans ce registre. C’est d’autant plus important que l’électricité change radicalement la vie des familles, de la production agricole et celle des entrepreneurs locaux dans les villages. Ce qui change dans la vie des familles, ce sont par exemple les manières de cuisiner quotidiennement (le solaire plutôt que le charbon de bois polluant et favorisant la déforestation), la congélation communautaire d’aliments et la possibilité pour les enfants de faire leurs devoirs le soir. Question pour nous : quelle coopération internationale pour soutenir cette démarche ? Rappelons que le syndicalisme agricole québécois a mené cette lutte pendant plus d’une décennie pour finalement l’obtenir du gouvernement en 1945. Pour en savoir plus sur cette question au Sud un article de Reporterre.
https://reporterre.net/Le-defi-de-l-electrification-de-l-Afrique-par-le-solaire
Mouvement des femmes et agriculture urbaine : l’expérience péruvienne des cuisines collectives
L’agriculture vit de grands chambardements : explosion et dérèglement des prix à l’échelle de la planète. Résultat : des émeutes de la faim dans 37 pays du Sud en 2007 qui ont été le signal d’alarme d’une crise plus généralisée en 2008. Le monde agricole a alors commencé l’accélération de son tournant ici comme ailleurs, une recherche pour se réinventer, tenter de lancer ou relancer une agriculture durable et plus près des communautés. Le nouveau dans les pays du Sud : la réponse à cette crise a été la montée en puissance d’une véritable agriculture urbaine aménagée autour de jardins familiaux, communautaires ou collectifs, laquelle ira dans un certain nombre de communautés jusqu’à la transformation locale des aliments en opérant une jonction avec des cuisines collectives et même des cantines scolaires. Retour dans le temps pour mieux saisir cette dynamique qui a donné son meilleur au Pérou bien avant la crise de 2007, récit de l’expérience des cuisines collectives dans ce pays et analyse ce qu’elle nous enseigne aujourd’hui pour notre solidarité internationale. Par Lucie Fréchette, prof. émérite du département de travail social de l’UQO qui a étudié cette expérience sur une dizaine d’années.
Source : la CRDC-UQO et le Fonds Solidarité Sud
Le plus important programme social au monde : la recette brésilienne de distribution de repas dans les écoles
« Pour de nombreux enfants vivant dans les communautés vulnérables, il s’agit de leur seul repas nutritif de la journée. Il est prouvé que les repas scolaires attirent les enfants à l’école, augmentent la présence des filles et fournissent l’alimentation dont ils ont besoin pour se concentrer et apprendre » nous dit un document du Forum mondial sur la nutrition infantile qui réunissait l’automne dernier à Montréal 300 experts de 50 pays. De plus ce type d’initiative, qui a été poussé à son point culminant du temps du gouvernement de Lula en 2009, était une priorité dans une offensive plus large, baptisée Faim zéro, qui comprenait entre autres l’instauration d’allocations familiales. Le programme de repas dans les écoles devait également viser à encourager l’agriculture familiale. En effet la règle qui avait été installée au pays exigeait 30 % de l’approvisionnement des écoles dans de petites fermes locales. Une perspective pertinente pour notre solidarité internationale : croiser la production locale, sa transformation locale et sa distribution dans les écoles de la communauté. Une chaîne de solidarité économique qui peut contribuer significativement à la sécurité et la souveraineté alimentaires des communautés rurales et dans les bidonvilles. Source : Le Devoir
http://www.ledevoir.com/societe/education/508149/nourrir-pour-mieux-reussir
Prendre le temps du développement : comment « aider » intelligemment Haïti aujourd’hui au-delà les réponses ponctuelles dictées par l’urgence ?
Le Fonds Solidarité Sud est présent en Haïti à Labrousse depuis trois ans et sera bientôt à Baptiste de concert avec l’UPA DI et la coopérative caféière Noula du Saguenay. Il n’est pas évident qu’Haïti peut s’en sortir et que le type d’aide internationale actuelle lui soit vraiment utile. Bien des gens doutent et certains démissionnent. Mais…mais voici une excellente réflexion issue des travaux de l’Agence française de développement (AFD) qui est présente dans ce pays depuis 40 ans. Quelques éléments du texte qui suit : 1) le pays n’a eu souvent « que le nez hors de l’eau grâce à la coopération internationale » ; 2) les projets de développement se construisent sur le temps long du développement surtout dans un pays mis à mal par des catastrophes naturelles récurrentes et des épisodes politiques particulièrement difficiles.
Alors comment s’y prendre ? 1) face à la faiblesse de l’État et l’échec de nombreux programmes venus de haut, « le soutien aux structures locales…peut être une alternative… et l’influence de la société civile un levier à activer » ; 2) ces accélérateurs doivent cependant « être amplifiés à plus large échelle ». Pas facile mais faisable si on accepte de prendre le temps du développement…sans se faire happer par l’urgence ! Source : L’Agence française de développement (AFD) http://noulacoop.com/2017/06/comment-prendre-le-temps-du-developpement/
3. Mouvements sociaux : organisations paysannes et syndicalisme international des travailleurs
La bataille pour l’emploi, c’est la bataille des énergies renouvelables et vice-versa
Plusieurs syndicats et ONG sociales et environnementales françaises travaillant de concert ont publié début 2017 un rapport destiné à mettre en débat une proposition de création d’un million d’emplois nets dans les secteurs liés à la transition écologique. Un rapport qui fait bien la démonstration qu’écologie et emplois font bon ménage et à moyen terme mieux que les énergies fossiles. Et si au Québec on s’y mettait un peu plus nous aussi !! Et si notre coopération avec des communautés du Sud mettait de plus en plus l’emphase sur cette trajectoire de transition sociale-écologique et de création d’emplois !! Source : Libération
http://www.liberation.fr/futurs/2017/01/12/creer-un-million-d-emplois-pour-le-climat-d-ici-2020-c-est-possible-et-financable_1540718
Le Salvador : l’exploitation des mines de métaux est désormais bannie dans tout le pays !
Il n’y a plus de production de coton OGM sur tout le territoire du Burkina-Faso comme on vous le disait dans une nouvelle de 2016. La bonne nouvelle majeure de 2017, c’est que dans un autre pays, le Salvador, en Amérique centrale, l’exploitation de mines de métaux dans tout le pays, c’est bel et bien terminé. Vote très majoritaire l’Assemblée nationale (69 voix sur 84). Selon les Nations unies, « Le pays souffre des pires dégradations environnementales des Amériques, après Haïti ». À l’origine de la proposition, une ONG, l’ONG Les amis de la Terre. Source : l’OCI Alternatives.
http://journal.alternatives.ca/spip.php?article8270
Solidarité internationale et emploi : la lutte croisée des syndicats et des coopératives
Un peu partout dans le monde syndicats et coopératives se retrouvent à nouveau nous dit Pierre Laliberté, économiste à l’Organisation internationale du travail (OIT). Objectif : sauver entreprises et emplois. Dans le monde entier, les syndicats et les coopératives se redécouvrent mutuellement et unissent leurs forces pour sauver des entreprises et des emplois. Par exemple, au Brésil, le Syndicat des métallurgistes de l’ABC (SMABC) a réussi à sauver de la faillite la plus importante forge industrielle d’Amérique latine, Conforga, il y a plus de dix ans, en permettant aux travailleurs de devenir propriétaires de l’entreprise. Fort de cette expérience, le syndicat a ensuite aidé à établir la nouvelle Centrale des coopératives et entreprises solidaires.
De son côté, le Syndicat unifié des travailleurs de la sidérurgie (USW) aux États-Unis et au Canada a exploré l’idée d’un modèle hybride de « coopérative syndiquée », développé en partenariat avec la Fédération coopérative Mondragon, installée au Pays basque espagnol. Article paru dans OIT info. L’article n’est pas récent (2014) mais toujours d’actualité. Source : l’Organisation internationale du travail (OIT).
http://www.ilo.org/global/about-the-ilo/newsroom/comment-analysis/WCMS_244014/lang–fr/index.htm
4. Entreprises collectives et finance solidaire
Investissement socialement responsable (ISR) et solidarité internationale
Que retenir d’un des cahiers spéciaux du Devoir sur l’ISR paru en 2017 ? D’abord que le Québec au Canada fait office de leader. Pas étonnant compte tenu des dispositifs collectifs que le Québec s’est donné en matière de finance solidaire par l’intermédiaire d’organisations du mouvement coopératif (Desjardins) et du mouvement syndical (fonds de travailleurs, caisses d’économie). Ensuite que l’ISR dans la dernière décennie est devenu un mouvement qui s’est internationalisé. On retrouve des organisations partout dans le monde qui avancent dans cette direction. Mieux ! Certains gestes d’organisations qui ont épousé cette orientation sont directement dans la solidarité internationale à leur manière : Desjardins qui, par
l’engagement actionnarial de son programme de placements NEI, interpelle Canadian Tire et ses usines dans les pays du Sud (Asie en particulier), Bâtirente (CSN) qui force la multinationale Talisman (pétrole et mines), par son dépôt d’une proposition d’actionnaires, à avoir une politique de reconnaissance l’obligeant à consulter les collectivités locales, notamment au Pérou dans une zone d’extraction minière. De même, à titre personnel, vous pouvez choisir de mettre vos placements dans un REER sans pétrole à la Caisse d’économie solidaire Desjardins. Et bientôt, à l’initiative de l’AQOCI et des fonds de travailleurs, un fonds d’investissement solidaire québécois dédié au développement de projets socioéconomiques de communautés du Sud sera mis sur pied en 2018. À suivre.
http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/491803/batirente-batirente-30-ans-d-histoire-et-plus-de-10-ans-d-investissement-responsable
Mountain Equipement Coop fait figure exemplaire dans le dossier la transparence de ses fournisseurs du Sud : une autre façon de développer la solidarité internationale
Le Bangledesh est « la mercerie du monde avec 4000 entreprises et 4 millions de lumpenprolétaires aux machines d’ateliers de misère ». 72 des entreprises mondiales de vêtements qui ont leurs fournisseurs dans le Sud ont été contactées par des organisations internationales pilotées par Human Rights Watch suite à la tragédie de Dacca (1130 morts, 2500 blessés). Mountain Equipement Coop (3 millions de membres, 18 magasins au Canada dont un au centre-ville de Montréal, gamme importante de produits écologiques) fait figure exemplaire dans le dossier de la transparence de ses fournisseurs du Sud. Source : Le Devoir
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/497152/human-right-watch-publie-le-rapport-tirez-le-fil-sur-la-transparence-des-fournisseurs-de-vetements
Nouvelle approche de transition écologique de l’agriculture en Afrique de l’Ouest et centrale : initiatives économiques et finance solidaire
Sortir de la solidarité internationale traditionnelle souvent enferrée dans le seul développement social local ou dans l’aide humanitaire : plus que le colmatage des injustices, des transitions écologiques qui auraient valeur de « modèle » ; changer d’échelle ; s’investir sur le terrain économique. En Afrique de l’Ouest notamment, l’agroécologie s’impose comme une évidence. Un programme à la bonne hauteur de l’OCI CCFD-Terre solidaire qui a un bras financier, la SIDI, un fonds de prêts et garanties de près dédiés à des projets socioéconomiques au Sud. Source : l’ONG française Terre Solidaire.
http://ccfd-terresolidaire.org/projets/projets-internationaux/le-programme-paies/le-programme-paies-une-5876
5. Des États et des institutions internationales bougent dans la bonne direction
Ouragans et inondations : et si les pétrolières étaient poursuivies en justice !
Poursuivre en justice les pétrolières, un scénario avancé par l’Observatoire français des multinationales. En effet « sur fond de catastrophes naturelles historiques, une nouvelle étude pointe la responsabilité d’une poignée de multinationales pétrolières dans le réchauffement climatique. Ses auteurs suggèrent qu’elle soit utilisée pour porter ces multinationales devant les tribunaux ». Ouragans et inondations, sécheresses ou moussons au Nord comme au Sud : Irma dans les îles et aux E.U. bien sûr mais aussi dans la même période en Afrique (Sierra Leone) et en Asie du Sud. Dans ce dernier cas, une mousson historique aurait affecté 40 millions de personnes et tué 1 400 personnes. En cause : les 90 principales entreprises productrices de pétrole, gaz, charbon et ciment « à l’origine de 57 % de la hausse de la concentration atmosphérique en CO2, de près de 50 % de la hausse de la température moyenne mondiale, et d’autour de 30 % de la hausse du niveau moyen des mers observées depuis 1886 ». Belle bataille à mener pour une Cour pénale internationale (CPI) qui pourrait avoir des dents dans ce dossier. Source : Observatoire français des multinationales.
http://multinationales.org/Ouragans-inondations-et-si-l-on-poursuivait-les-multinationales-petrolieres-en
Peut-on faire plier des multinationales ? C’est possible ! Une Danoise à la Commission européenne du fisc s’en est chargée et le mouvement paysan burkinabé aussi
L’avancée de la Danoise Margrethe Vestager contre Apple, Google, Starbucks et tous les autres est fort significative. La Danoise Vestager, celle qui a inspiré la série télévisée « Borgen, une femme au pouvoir », fait plier des multinationales en tant que présidente de la Commission européenne sur le fisc qu’elle dirige obligeant notamment Apple à payer à l’Irlande $13 milliards d’euros pour avantages fiscaux indus…Comme quoi les pouvoirs publics, lorsqu’ils s’en donnent la peine, peuvent faire la différence. Il n’y a pas de fatalité. Les multinationales sont fortes des faiblesses des États. Il n’en a pas toujours été ainsi. Il n’en sera pas toujours ainsi dans l’avenir. Source : Le Devoir
http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/507752/vestager-la-danoise-qui-defie-google-a-bruxelles
Bonne nouvelle : un pas vers la transparence fiscale des multinationales
Bon ! Ce n’est pas la fin du monde mais c’est un premier pas dans la bonne direction par toute l’Union européenne. 6000 entreprises sont désormais concernées par des obligations à rendre publiques « pays par pays » leurs données comptables et fiscales. Les ONG vont néanmoins continuer de batailler ferme pour resserrer davantage les règles car il y a des failles qui laissent encore la porte ouverte à l’évasion fiscale. La bataille continue. Source : Le Devoir
http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/502691/ue-un-pas-vers-la-transparence-fiscale-des-multinationales
Bonne nouvelle : une multinationale bien connue, celle de la banane, est prise au piège
Elle est souvent dans votre assiette, c’est la banane Chiquita. Figurez-vous qu’une nouvelle fois les dirigeants cette multinationale (autrefois United Fruit) se retrouvent sous la menace de poursuites pour complicité de crime contre l’humanité. Une coalition d’ONG a demandé à la Cour pénale internationale (CPI) d’ouvrir une enquête sur les dirigeants de Chiquita. Des liens directs ont été établis entre le géant mondial de la banane et les exactions de groupes paramilitaires colombiens. L’article qui suit vient de l’Observatoire français des multinationales. À noter que nous avons aujourd’hui le choix dans nos épiceries : ou la banane Chiquita et ou celle du commerce équitable et bio. Source : Observatoire français des multinationales.
http://multinationales.org/Les-dirigeants-de-la-multinationale-Chiquita-bientot-poursuivis-pour-complicite
Le Comité de sécurité alimentaire de la FAO, le CSA : l’exemple d’un dispositif de référence abouti d’une plateforme internationale
L’ONG la plus importante de France, CCFD-Terre Solidaire, appelle de ses vœux une gouvernance mondiale où les responsables politiques orienteraient les politiques et réguleraient les activités des acteurs économiques. Une gouvernance qui laisse toute sa place aux sociétés civiles comme lieu de contre-pouvoir et force de propositions. Chaque institution internationale doit faire en sorte que ces sociétés civiles soient consultées ou participent à la prise de décision et à l’évaluation des politiques. « Comme c’est le cas du Comité de Sécurité alimentaire de la FAO » d’ajouter le directeur général de cette organisation.
https://ccfd-terresolidaire.org/fdm/2012/267-juin-juillet-2012/pour-une-autre Voir aussi le site du CSA (sa plateforme et sa structure de consultation des organisations de la société civile) : http://www.fao.org/cfs/cfs-home/about-cfs/fr/
En guise de conclusion
Un projet de société à articuler et une capacité d’agir à la recherche d’une efficacité sociale et politique plus grande
Démocratie et économie dans le monde selon Wilkinson : les lignes de force d’un projet de société
Dans son livre, « L’égalité c’est la santé », le professeur émérite en épidémiologie sociale, le britannique Richard Wilkinson de l’Université de Nottingham, estime que le prochain grand projet de l’humanité se situe du côté de l’économie. Oui mais de quelle façon ? Il est urgent « d’étendre la démocratie à la sphère économique ». Il accuse d’abord les inégalités salariales. Et d’ajouter, pour les pays du Nord, que « Nous n’avons aucune chance d’avancer vers le développement durable si l’économie et la société tournent autour de la surconsommation ». Puis de dire qu’à l’échelle mondiale il existe des solutions à court terme comme celle de s’attaquer aux paradis fiscaux. Et pour le long terme penser au « prochain grand projet de l’émancipation humaine : L’extension de la démocratie dans le milieu de travail ». Porte d’entrée dit-il : « les coopératives en font déjà la preuve ». Et de conclure qu’une telle évolution va nécessiter « des luttes, des lois, des campagnes et des politiques publiques ». On ne saurait si bien dire ! Sans rapport de force, nous sommes dans l’idéalisme et la naïveté la plus totale. Entrevue réalisée à l’occasion de la 2e édition du Sommet des coopératives organisée par l’Alliance coopérative internationale (ACI) et Desjardins. Source : Le Devoir
http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/419844/la-democratie-passe-par-l-economie
30 ans qui ont changé le monde : quelles sont les tendances structurelles dans lesquelles le capitalisme nous enlise et les forces de changement ?
Nous vivons un nouveau moment historique du capitalisme avec la montée en puissance de sa financiarisation (et la crise de 2008) ; après la chute du mur de Berlin et l’implosion du communisme (ou plutôt des communismes) ; avec le retour des religions à l’avant-scène de l’espace public mondial, surtout les fondamentalismes ; avec l’échec du développement dans les pays du Sud simultanément à la montée de la précarité du travail dans les pays du Nord ; avec l’urgence écologique, notamment avec le réchauffement climatique, menace de toutes les menaces sur ce plan. Ces tendances fortes ont ébranlé les certitudes de la deuxième partie du XXe siècle (les projets socialistes) et les États sociaux que ce siècle avait vu naître.
Mais, partout dans le monde au XXIe siècle, nous assistons à l’émergence ou au renouvellement de mouvements citoyens qui exigent plus de démocratie, de contrôle des communautés sur leur développement, de justice sociale et de transition écologique de l’économie. Un véritable changement de paradigme, de politique et de stratégie prend peu à peu place. Espoir réinventé ? De quoi s’agit-il plus précisément ? Un de mes articles les plus « songés ». Article dont l’intitulé est « Alternatives citoyennes dans un monde en mutation : les nouvelles dynamiques internationales ». Paru dans la Revue internationale d’éthique publique, vol.16, numéro 2 à l’adresse suivante : http://ethiquepublique.revues.org/1496 Source Revue internationale d’éthique publique
Pour en savoir plus
Favreau, L. (2018), Syndicalisme agricole québécois et citoyenneté : du local à l’international,
Un jeudi matin de décembre dernier, j’étais sur le plancher du Congrès de l’UPA. L’UPA Développement international présentait son plan de match et mon tout nouvel ouvrage produit à l’occasion des 25 ans d’UPA DI, lequel rend hommage à l’action collective qui se construit petit à petit sur les terres agricoles du Nord et du Sud depuis plus d’un quart de siècle.
J’y ai pris la parole pendant une dizaine de minutes pour dire ceci : « Ce que vous avez fait à force de solidarité inspire des changements dans les pays du Sud. L’histoire de vos luttes et vos défis sont les mêmes que dans les organisations paysannes des pays du Sud. Cette solidarité que vous avez bâtie depuis 25 ans est une innovation sociale qui commence à avoir un rayonnement international. Vous avez et pouvez changer le monde. Vos initiatives participent de fait de ces milliers de révolutions tranquilles à travers le monde. ». Tel était mon message livré aux 500 congressistes réunis en plénière. Démonstration de cette affirmation : fouille historique de l’UPA de 1924 à aujourd’hui et fouille historique des 25 années de l’UPA DI ici dans ses projets au Sud. Fouille adossée à près de 20 ans d’observation participante des activités de l’UPA DI. À quand un mémoire ou une thèse en sciences sociales sur cette organisation de solidarité internationale !?
Louis Favreau
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